Les 4 meilleurs styles de calligraphie arabe
Il existe de nombreux styles calligraphiques différents utilisés pour l’écriture arabe, styles qui se sont développés au fil des années et dans différentes régions. Cet article expliquera les caractéristiques des principaux styles et ceux qui ont eu une influence sur les développements typographiques futurs, et vous donnera la possibilité de les distinguer visuellement.
1) Présentation et historique des styles de calligraphie arabe
L’alphabet arabe de base se compose de 28 lettres, et comme ces lettres sont toutes des consonnes, l’alphabet est classé en “abjad“. Les “abjads” représentent un système d’écriture ne notant que les consonnes, ou consonnes plus quelques voyelles.
Cependant, l’arabe est un abjad impur ; les voyelles longues sont représentées dans l’alphabet par les lettres alif, yā et wāw (ا – ی – و), et les voyelles courtes n’existent que sous la forme de marques diacritiques (haraka) qui sont habituellement absentes des textes, car le contexte aide largement à éviter l’inconvénient de mal interpréter un mot.
Une autre caractéristique importante du script est l’absence de distinction entre majuscules et minuscules. En arabe imprimé et écrit, les mots sont construits dans un style cursif. Ce qui signifie que les caractères sont écrits par le mouvement continu du stylo et les points sont généralement ajoutés une fois qu’un seul mot a été entièrement écrit.
De plus, la même lettre peut prendre une apparence différente, selon l’endroit où elle apparaît dans un mot donné. En effet, en arabe, les lettres ont des formes contextuelles et peuvent apparaître en position initiale, médiane, finale et isolée.
Parmi les autres caractéristiques notables de l’écriture, mentionnons les chiffres écrits de gauche à droite malgré le fait que les mots soient écrits de droite à gauche. Le nombre important de points utilisés pour caractériser les lettres qui partagent une forme de base identique ainsi que la justification par l’extension de certaines lettres (ce qu’on appelle al-madd).
2) Al-Kufi (ou Coufique) : originaire de la région de Kufa
Au début, des variantes localisées de l’écriture al-Jazm (le style le plus ancien de l’écriture arabe moderne) ont été utilisées pour enregistrer le Coran. Chacune de ces écritures portait le nom de la région où elles ont été créées. Makki de La Mecque, Madani de Médine et Koufi, qui est finalement devenu le terme général utilisé pour décrire ce style, de Koufa (1). Les caractéristiques du Koufi ancien comprennent les caractéristiques suivantes :
Vers la fin du VIIe siècle, les voyelles ont été introduites dans le texte sous la forme de points rouges placés au-dessus ou au-dessous des caractères pour montrer la prononciation correcte(2).
Au dixième siècle, les calligraphes persans ont développé une nouvelle variante du kufi appelée kufi oriental(3). Il y a beaucoup de similitudes notables entre ce style et le Koufi ancien dans les formes des caractères et la structure géométrique. Cependant, si l’on considère le kufi oriental et des écritures comme Avestan et Pahlavi(4), on peut y observer les influences distinctes de ces écritures nationales. À titre d’exemple :
Ces caractéristiques donnent au style une apparence verticale et droite, ainsi qu’un mouvement dynamique vers l’avant lors de la lecture. Le koufi oriental a été utilisé pour transcrire le Coran pendant un certain temps avant d’être remplacé par le style Naskhi. Mais il a continué à être utilisé à des fins décoratives comme les titres de chapitres.
Environ en même temps que le Koufi oriental se développait, son homologue occidental appelé le Koufi maghrébin évoluait. Maghribi (qui signifie occidental) est originaire du monde islamique occidental d’Afrique du Nord et d’Espagne du Sud. Il a eu une grande influence sur les futures écritures d’Afrique du Nord et de l’Ouest, ainsi que l’Andalousie. Les caractéristiques de ce style comprennent :
Au XIIe siècle, ces trois styles de kufi ont été peu à peu remplacés comme style principal pour la transcription du Coran et la calligraphie du livre. Au lieu de cela, ils ont été utilisés pour l’ornementation d’objets tels que les pièces de monnaie, les sceaux, la poterie et les monuments. Par ailleurs beaucoup des nouveaux styles Koufi ont commencé à mettre l’accent sur l’esthétique visuelle plutôt que la lisibilité.
Aujourd’hui, ce style est encore largement utilisé dans la conception et à des fins décoratives. Il est également communément considéré comme la source d’inspiration pour décrire les caractères à très faible contraste. Qui sont devenus omniprésents ces dernières années dans les tentatives d’harmonisation du latin et de l’arabe. Cependant, une comparaison de ces styles et de la calligraphie Kufi montre de grandes différences dans les formes des lettres et leurs proportions.
3) Naskh : le style raffiné de l’écriture arabe de la Mecque et Médine
Le style Naskh primitif trouve son origine dans les villes de La Mecque et de Médine vers le VIIe siècle. Cependant, il a vraiment été raffiné au début du dixième siècle grâce aux efforts d’Ibn Muqlah(5). Il l’a transformé en une écriture cursive élégante.
Naskh est rapidement devenu le style d’écriture arabe préféré pour les manuscrits et la transcription du Coran. Un remplacement qui était sans doute à sa bonne lisibilité et à sa rapide d’écriture. Aujourd’hui encore, c’est le style le plus couramment utilisé dans la publication du Coran.
Les proportions harmonieuses du style Naskhi le rendent extrêmement lisible. Ceci, combiné à la façon dont la plupart des caractères reposent sur un trait central de liaison visible, en fait le style le plus adaptable aux limites présentées par le métal des imprimeries.
Aujourd’hui, la plupart des journaux, publications et magazines et tableaux islamiques sont imprimés avec des caractères basés sur le Naskh, ce qui en fait le style le plus largement utilisé pour la mise en page de textes en arabe.
4) Thuluth : Le style décoratif par excellence de la calligraphie arabe
En arabe, le mot Thuluth signifie ” un tiers “. Il y a différentes théories quant à ce à quoi cela fait référence, comme l’observation qu’un tiers de chaque lettre est en pente, ou qu’elle se rapporte à la taille de la plume qui est utilisée pour écrire ce style particulier.
La raison la plus acceptable est très probablement celle d’Ibn Muqlah lui-même, qui a été cité pour dire que dans Thuluth, un tiers des lettres sont droites. Khat Thoulouth est étroitement lié à la religion. Il trouve souvent son application dans la décoration des mosquées et dans l’écriture des noms saints.
Les caractéristiques notables de ce style sont la présence de voyelles et de volants ornementaux utilisés pour embellir l’écriture, ainsi qu’une combinaison de traits nets et fins qui se courbent légèrement vers le haut dans une petite boucle. Les lettres sont généralement grandes, mais très compactes, les lettres ascendantes hautes sont écrites avec une légère inclinaison vers la gauche, et les formes rondes prédominent la texture.
5) Ruq’ah : Le style préféré des scribes dans l’écriture des textes arabes
Invention des bureaux du gouvernement de l’Empire ottoman à Istanbul, Khat Ruq’ah a été créé en combinant des éléments de deux styles : Ta’liq et Dīwanī. De nombreuses similitudes, telles que les structures diagonales des mots et les traits de liaison qui ont été conçus pour augmenter la vitesse d’écriture, peuvent être observées entre le Ruq’ah et celui de ses styles parents.
Cependant, la caractéristique principale est l’exclusion des élongations, des décorations ou de la nécessité de soulever le Qalam (Crayon en roseau) du papier. Ces attributs ont rendu Ruq’ah rapide à écrire et efficace pour l’usage des scribes du gouvernement (6). Parmi les autres caractéristiques, mentionnons les lettres découpées composées de lignes courtes et droites et de courbes simples, ainsi que les lignes régulières du texte. Une autre caractéristique importante et distincte est la connexion des points diacritiques (deux points) aux lettres finales et isolées sous forme de traits courts
6) La calligraphie arabe et islamique aujourd’hui
Ce ne sont là que quelques-uns des nombreux styles calligraphiques utilisés dans l’écriture arabe et musulmane. Bien qu’il soit facile de détecter les caractéristiques uniques de chacun, les autres styles ne sont pas si faciles à distinguer. Parfois c’est seulement à travers les détails, comme la taille de l’alif, que les styles se différencient visuellement.
Aujourd’hui, la calligraphie est principalement pratiquée comme une forme d’art. Même en regardant les styles les plus largement utilisés, il y a un déclin notable dans l’utilisation à partir du début du 19ème siècle, quand la technologie d’impression a nommé Naskh comme la variante la plus adaptable.
Cependant, l’importance d’étudier ces différents styles calligraphiques réside dans le fait que certains (notamment Naskh, Maghribi, Ruq’ah et Kufi) ont été imités dans la reproduction typographique de l’écriture arabe, et le succès de ces types dépendait de leur capacité à reproduire des manuscrits écrits. Les traditions calligraphiques telles que la relation entre la largeur du trait et la taille du compteur, où l’ajustement des lettres et des mots restent pertinentes pour la conception des caractères utilisés dans l’impression.